Les
Gessiens
d'Amérique
Wyoming
18 Sept-07 Oct
Le monde ne mourra jamais par manque de merveilles mais uniquement par manque d'émerveillement
Gilbert Keith Chesterton
Un peu d'histoire...
Buffalo Bill créa et entretint sa légende avec son célèbre Wild West Show qui fit le tour du monde et réunit quelque soixante-dix millions de spectateurs en une trentaine d’années.
William Frederick Cody soldat pendant la guerre de sécession, éclaireur pendant les guerres indiennes, participant au développement du Pony Express en fournissant de la viande de bison aux employés du chemin de fer, gagnant un duel (et son surnom) en abattant 69 bisons en une journée contre Bill Cumstock qui n’en tua "que" 48…
C’est cette « gigantesque contrefaçon » que Buffalo Bill créa en 1882, à 36 ans, et qu’il passa le reste de sa vie à exploiter sans aucun souci de la vérité historique.
La façon dont certains, comme Charles Bristol ou Riley Miller, exposaient des reliques indiennes même s’il fallait pour les obtenir tuer, scalper des Indiens et les dépouiller de tout ce qui pouvait se vendre ou être présenté à des braves gens prêts à payer pour découvrir la « culture indienne ».
Leur exploitation, l’extermination de certaines tribus, l’utilisation qu’en fit Buffalo Bill dans ses spectacles, réinventant les batailles, les trahissant, donnant la victoire à l’armée américaine quand Sitting Bull avait pourtant vaincu les troupes du général Custer à Little Big Horn. Buffalo Bill n’était pas présent à Little Big Horn mais dans son spectacle, c’est lui qui jaillit comme un héros pour sauver le général Custer et remotiver la troupe.
Le massacre de Wounded Knee n’est plus une honteuse boucherie mais un magnifique combat. Quatre-vingt-quatre hommes, quarante-quatre femmes et dix-huit enfants qui ne cherchaient qu’à fuir pour vivre tranquillement, ont été poursuivis, encerclés, tués à coups de canon. Mais avec Buffalo Bill, cette extermination devient le courageux fait d’arme d’une vaillante armée.
« La troupe comptait huit cents personnes, cinq cents chevaux de selle et des dizaines de bisons. »
Les mensonges que véhiculait le Wild West Show, les trouvailles de Buffalo Bill pour séduire toujours plus de public : « Quelques Indiens à cheval tournent autour des rangers en criant comme Buffalo Bill leur a appris à le faire. Ils font claquer leur paume sur leur bouche, whou ! whou ! whou ! Et cela rend une sorte de cri sauvage, inhumain. Mais ce cri de guerre, ils ne l'ont poussé ni dans les Grandes Plaines ni au Canada, ni nulle part d'ailleurs – c'est une pure invention de Buffalo Bill. Et ce cri de scène, cette formidable trouvaille de bateleur, ils ne savent pas encore qu'il leur faudra le pousser sans cesse, dans toutes les mises en scène où on les emploiera à jouer les figurants de leur propre malheur.
Très vite, dès le début de sa carrière, Buffalo Bill avait décidé que chaque représentation du show devait commencer de cette manière : un cavalier faisait un tour de piste en brandissant le drapeau US, puis un orchestre cow-boy jouait La bannière étoilée. Cet air deviendra par la suite l'hymne national des États-Unis – on voit comment l'Histoire se prosterne devant le spectacle. Mais ce n'est pas tout. Lors de l'une de ses tournées en Angleterre, le cavalier s'arrêta devant la reine. Victoria se leva et salua le drapeau américain. C'était la première fois qu'un monarque anglais avait ce geste. Ce qui fait d'un vague numéro de cirque l'auxiliaire d'un succès diplomatique inespéré. »